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Victor Granier
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Victor Granier est né à Bagnols sur Cèze. Dès son plus jeune âge, il s'installe au Grau du roi où ses parents viennent d'acquérir un restaurant.Parfois, afin de distraire les clients, le jeune Victor pousse la chansonnette.Un jour, Monsieur Villaret fabricant de "croquants" (fameuse spécialité nîmoise), entre dans le restaurant pour déguster une soupe de poisson. Dès qu'il entend le jeune Victor, il s'extasie devant la chaleur de son timbre de voix. Après avoir consulté ses parents , il propose de le prendre sous sa coupe et de l'inscrire au Conservatoire de Nîmes.

Après de brillantes études, Victor Granier débute dans le rôle du "Chevalier des Grieux" dans MANON de Jules MASSENET.Par le biais des relations entre Nîmes et Bruxelles, il obtient un énorme succès dans ce même rôle au Théâtre de la Monnaie.Les portes de l'Opéra de Paris s'ouvrent alors qu'il fait ses débuts le 24 avril 1903 dans le rôle de "Ruedi" dans GUILLAUME TELL.

Sa carrière étant lancée, il se produit en province dans des rôles de plus en plus difficiles : "Eléazar" dans La JUIVE "Raoul de Nangis" dans LES HUGUENOTS, SIGURD, "Mâtho" dans SALAMMBO, "Jean" dans HERODIADE.

Il faut signaler que tous les rôles qui sont cités, il les interprète en alternance avec son collègue et ami FERDINAND GAILLARD.

Victor Granier dans "les Huguenots"

Il fait aussi une courte incursion dans le répertoire allemand à l'Opéra de Mulhouse dont le directeur Monsieur Raugé-Bogue est originaire d'Aigues Mortes.

Cependant, Victor Granier veut aller encore plus haut et souhaite s'attaquer au "Tombeau des Ténors" (version intégrale de GUILLAUME TELL). Il y parvient le 26 janvier 1904 à l'Opéra de Nîmes et bien sur, le triomphe est au rendez vous.

Maître Marcel Fontaine qui a très bien connu Victor Granier m'a confié que lors de la première guerre mondiale, à Verdun lors de la nuit de Noêl, il avait interprété "MINUIT CHRETIEN". Il m'a expliqué aussi que par sa voix chaude et ensolleillée, il fit taire l'espace de quelques couplets les canons français et allemands.

Après le conflit de 1914-1918, en hommage aux victimes du Grau du Roi tombées au champ d'honneur, Victor Granier offre un gala de bienfaisance.Mon grand père, Camille Parody était présent et il me raconta dans quelles conditions ce gala avait eu lieu.Il me dit qu'il y avait eu ce jour là un raz de marée au Grau du Roi et qu'il fallait beaucoup aimer l'Opéra pour assister à ce gala dans des conditions plus qu'inconfortables puisque tout le monde avait les pieds dans l'eau!

Ce jour là, la direction de la Méditerranée (Casino du Grau du Roi) avait annoncé que monsieur Granier avait invité un camarade de tranchée à participer à ce gala.Ce monsieur avait eu les deux jambes déchiquetées par un obus et se déplaçait en fauteuil roulant.Pour la circonstance, l'on hissa le fauteuil sur la scène et d'une fort belle voix de basse noble, ce monsieur interpréta le fameux "SON du COR" (partition extrêmement difficile à interpréter pour une basse noble).

Le public restant stupéfait devant cette interprétation, Victor Granier confia que c'était la plus belle basse profonde qu'il avait jamais entendue puis il commença son récital en interprétant MANON de MASSENET et le termina par des extraits de la JUIVE, la REINE de SABA, les HUGUENOTS et bien sur GUILLAUME TELL.

La carrière de Victor Granier est jonchée d'anecdotes plus ou moins cocasses :

L'on ne peut pas passer sous silence l'incident qui se produisit à Lyon. Lors d'une représentation de GUILLAUME TELL qui avait lieu au TRIO PATRIOTIQUE, Victor Granier avait eu une gène passagère. Fort mécontent de la critique qui s'en suivit dans la presse, il parcourut toute la ville de Lyon afin de retrouver le journaliste auteur de cette critique, afin de lui infliger une sévère correction !

Il faut ajouter à cela la fabuleuse représentation des HUGUENOTS à Marseille au cours de laquelle, par pique avec son ami de Saint Gilles (Gard) François Audiger, il obligea ce dernier à bisser tous les morceaux de la partition ! L'opéra qui devait à l'origine durer cinq heures en dura sept pour le plus grand plaisir du public. François Audiger furieux, jura de ne plus chanter avec Victor mais il n'en fit rien.

Victor Granier se retira de la scène après plusieurs représentations de SIGURD et termina ses jours à Lyon ou à Genève.